Pourquoi une déambulation sensible ?
Et si les espaces d’apprentissage n’étaient pas seulement des lieux où l’on se rend pour apprendre, mais des compagnons dans le processus même de l’apprentissage ? La déambulation sensible propose de prêter attention aux lieux, de ressentir ce qu’ils éveillent en nous, et de se demander comment ils influencent notre curiosité et notre envie de comprendre.
Nous passons souvent à côté de ces sensations : la chaleur d’un rayon de soleil dans une salle, la douceur d’un sol, le rythme d’un escalier, l’odeur du bois ou la résonance d’un espace. Et pourtant, ces détails, parfois minuscules, façonnent notre attention, notre humeur et notre énergie. La déambulation sensible part de ce constat simple : l’apprentissage commence par le corps, par les sens, et non seulement par le cerveau.
Comment se déroule une déambulation sensible ?
Une déambulation sensible commence par un temps d’accueil et de préparation. Les participants reçoivent des grilles simples pour observer et noter leurs perceptions : ce qu’ils voient, entendent, sentent, touchent, ce que cela fait naître comme émotions.
Puis, ils explorent l’espace pas à pas. Chaque détail compte : un mur incliné, un coin lumineux, un paravent qui modifie la perception, un objet qui semble inviter à être utilisé. Les affordances et les nudges — ces petites suggestions implicites du lieu — deviennent autant de signaux pour penser les usages possibles.
L’idée n’est pas d’imposer une manière d’être ou de faire, mais d’inviter chacun à écouter le lieu, à se laisser guider par ses sensations et à réfléchir à la manière dont l’espace peut enrichir une activité pédagogique. La déambulation se termine par un partage collectif : chacun raconte ce qu’il a ressenti, ce qui l’a surpris ou touché, ce que le lieu lui inspire pour apprendre ou faire apprendre.

Les déambulations sensibles & Ago
Depuis 2023, AGO a multiplié ces expériences de déambulation sensible. La première, aux Halles de la Cartoucherie à Toulouse, a accueilli plus de 50 participants dans ce vaste lieu encore tout neuf. L’idée était de montrer que même un espace non conçu initialement pour l’apprentissage peut produire des émotions et offrir de nouvelles pistes pour former autrement. Entre guidage par des grilles d’observation, interventions d’architectes et de la directrice artistique du lieu, et échanges autour du ressenti de chacun, la matinée a donné naissance à de nombreuses idées et découvertes.
D’autres expériences ont suivi : au Learning Show de Rennes, au Tropisme Learning Lab de Montpellier, et probablement encore ailleurs, toujours avec cette même volonté : explorer les lieux, sentir leurs atmosphères, et voir comment elles invitent à apprendre. Chaque déambulation est différente, selon le lieu, le moment de la journée, les personnes présentes et les petits détails du quotidien qui rendent un espace vivant.
Ces expériences racontent surtout que l’apprentissage peut se nourrir des lieux, que l’on peut être surpris, touché ou inspiré par ce que l’on traverse. Elles montrent que, quand on prend le temps de marcher, regarder et sentir, le lieu devient un partenaire silencieux mais bien réel de l’apprentissage.
Un exemple concret ?
Un exemple concret de déambulation sensible a été proposé par Marie-Christine Llorca au BTP CFA des Savoie, pour découvrir le nouveau CRAF (Centre de Ressources d’Accompagnement et de Formation). Les 60 participants ont exploré cet espace flexible inspiré des principes de Rosan Bosch, alliant confort, mouvement et équipements modulables.
Au programme : une déambulation dans le CFA pour imaginer des situations pédagogiques optimisées, une mise en espace concrète des activités, et l’appropriation des fiches pédagogiques conçues par Lyse Pichoud, qui identifient par pictogrammes les espaces les plus inspirants pour chaque usage.
Pour découvrir comment mettre en place une déambulation sensible dans vos espaces d’apprentissage ou réfléchir à l’aménagement de vos Learning Labs, contactez Marie-Christine Llorca.